Le bleu et le noir

  • Il n'y a rien là-haut.

    Il n'y a rien là haut
    Ou alors l'écho de nos cris
    S'extrayant du tréfonds du puits
    Où les maîtres incinèrent nos vies.

    Rien au bout du portable
    Que nos dix doigts tenus en laisse,
    Notre liberté qui s'affaisse
    Et un Big Brother qui confesse.

    Rien au fond des biberons
    Si ce n'est le mercure assassin
    Qui ronge le cerveau des bambins
    Au sourire benêt des caprins.

    Rien au bout de l'aiguille
    Que ces onze vaccins délétères.
    Aux récalcitrants pères et mères :
    La justice vendue et les fers !

    Et cette Révolution
    D'un dictateur en herbe qui marche :
    Monsieur propre, Omo ou bien Dash ?
    Rien que salade, scarole et mâche.

    Rien au creux de la main
    Que pilules carmin et bleutée ;
    Pas plus que l'âpre vérité,
    Pas moins que des corps enchaînés.

    Rien en ce Black Friday
    Que des meutes de chiens de Pavlov,
    Des rivières de cerveaux sur off.
    Le Lay s'esclaffe ; c'est jour de teuf !

  • Le Bleu et le Noir (suite)

    Je me rappelle que cette semaine, j’ai écouté à peine une minute (j’ai fait mon école de journalisme au [rond-] Point) du Rock Around The Bunker et suis tombé des nues déjà sombres du ciel d’origine Biolayen : Gainsbourg était donc pro-nazi !!!? Un juif !!!!! Pro-nazi !!!!!? Quand on sait que le père de celui qui n’est donc plus mon yellow man préféré depuis aujourd’hui était shérif pendant la seconde guerre, je comprends mieux.
    Et mon monde rose et bleu n’en finit plus de tourner au blanc cassé.  Hier, sur la couve de leur dernier n°, les Inrock affichent un « numéro garanti sans quenelle » dans un macaron ensoleillé. Inrockuptibles ? Mouais… bon... Incorruptibles ? Là j’ai de très sérieux doutes. Inrockuptibles ? Tout compte fait et après lecture saucissonnée (ben ouais j’ai fait mon école de journalisme au Point [à pitres ?]) de l’interview express de Kaaris , j’ai appris que le rappeur aimait beaucoup Wong Kar-wai ( ?!), que In The Mood For Love était un de ses films préférés ( ?!!) et qu’il aimait regarder Ce soir ou jamais ( ?!!!). Comment les Inrocks peuvent-ils déclarer « nouvel homme fort du hip-hop français » ce Frédéric François du rap ? Kaaris va donc pouvoir aller s’asseoir sur le ban des chanteurs pour midinettes à coté de B.B.
    « 2014 année Fauve », affiche également l’hebdo corruptible. Année des fauves, prêts à défendre la soi-disant Liberté, certainement.
    Il y a très longtemps, j’écrivais :
    « Tout petit, monsieur Clown tomba dans le chaudron de la liberté ; pas ces prêt-à-cuisiner l'homme, pas ces fils de pub' que sont les libertés céphalopodes ou autres droits tentaculaires, cette pléthore de franchises sournoises que Pandore garde dans les tiroirs gigognes - déjà encombrés de droits individuels atomisant - de la sombre armoire monolithique du libéralisme totalitaire. Non. Son amour de l'indépendance ne se proclame pas non plus l'adversaire farouche d'un déterminisme, pourvu qu'il ne soit pas celui d'une foire aux immortels bilalienne mais plutôt le destin qu'une main bienveillante vous donnerait à accomplir, une main d'artiste obsédé par l'accomplissement d'un amour universel », cet amour que Dieudonné a justement prôné chez Taddeï. Mais Ce soir ou jamais, ça passe trop tard pour être écouté. Et puis entre nous, qui peut trouver Taddéï intéressant à part les rappeurs pour midinettes ?
    Aujourd’hui, le fil barbelé d’azur a ligoté celui qu’il désigne comme la bête noire.
    Mais à quand le rouge ?

  • Le Bleu et le Noir (suite)

    Le 7 janvier, le Point.fr propose deux extraits de moins d'une minute du spectacle de Dieudonné : je trouve ça un peu facile. Tiens, moi je vais saucissonner A l'origine et puis je vais dire que B.B. est un chanteur de rap ou je vais saucissonner La Superbe et je vais dire que B.B. n'est plus mon idole et que c'est un chanteur pour midinettes.
    Tant d'acharnement, que cela peut-il bien cacher ? Je ne sais pas pourquoi je pense à Coluche. Peut-être parce qu'il n'y a pas que chez les camions qu'il y a des putains.
    Tiens, je viens de penser à un nouveau saucissonnage (ou une nouvelle saucissonnade) : une photo de B.B. sur scène portant la main à son coeur sur laquelle on passerait un extrait de moins d'une minute de sa Merco Benz version Sarko/Rachida Benz.... !? Quoi !!? Mais qu'est-ce que je m'apercois-je tout en divaguant : B.B. faisait donc lui aussi des quenelles au système Sarko !!!?


  • Le Bleu et le Noir

    Lundi 29 avril 2013. Aujourd’hui j’ai été ému par la beauté du bleu et du noir se confrontant en ouvrant le dernier album d’Alex Beaupain, ce bleu qu’il se refuse à vivre ou juste dans de furtives ondées blanches parce que la nuit obscure a emporté son seul amour possible. Sur la pochette, c’est en blanc que sont écrits le prénom et le nom du chanteur esseulé, couleur de la pureté, de l’écume des jours passés, inertes.
    Puis en écoutant Alex Beaupain j’ai ouvert les yeux sur le dernier ouvrage de Michel Houellebecq - acheté en même temps - et les 6 vers de son premier poème, lapidaire, tranchant comme un éclair d’ébène dans le jour blanc : 

    Par la mort du plus pur
    Toute joie est invalidée
    La poitrine est comme évidée
    Et l’œil en tout connaît l’obscur

    J’ai dîné. Ensuite je suis parti pour mon ciné habituel voir le dernier ofni du génial bricoloufoque Michel Gondry. Après avoir adoré la croquifondante Amélie Poulain, je n’ai pas été surpris que la pétillante Audrey tatoue la pellicule de cette jolie loufoquerie romanticodramatique.
    Sur le générique de fin, Loane revisite doucement la chanson de France Gall Mais, aime-la. Quel trouble en entendant les paroles ! L’amour est noir ou bleu/il est indécis/il décide en un jour de toute une vie chante la délicieuse Loane. J’ai quitté la poitrine évidée d’Audrey et le monde obscur de Romain.
    En sortant de la salle obscure, mes yeux se sont ouverts sur l’affiche du film. Romain Duris, costume sombre, et Audrey Tautou, robe blanche, sont heureux, immergés dans l’eau bleue. Le titre du film, L’écume des jours, glisse sur l’affiche comme une ondée blanche.
    Je suis rentré retrouver ma plume et Houellebecq.

    Il faut quelques secondes
    Pour effacer un monde

    sont les derniers vers de son poème éclair d’ébène.

    Il était tentant de voir un signe - bon ou malin - à ce concours hasardeux de dantesques triolets colorés. Noir infernal, bleu paradisiaque ou blanc expiatoire : j’y ai vu le temps du choix.