Sous la blouse

Il y a des mains qui supplient
Ente les murs d'un vieux glacis ;
Il y a des yeux qui implorent
Comme un naufragé pleure son port.

Et sous les néons jaune pisse,
Des sourires aussi on me glisse ;
Des clins d'œil qu'on me jalousent,
J'en ai plein les poches de ma blouse.
Mieux que des piquouses.

Mais dans mes nuits, mon héros me réveille et m'emmène
Très loin des élans du cœur, tous ces fétus de paille
Qui crépitent aux fenêtres aux balcons : rien que des scènes

Qui ne vivront que le temps d'un été.
Dans l'immuable temps qui coule : juste une faille.

Ado j'avais des héros
Qui m'ont fait briser des barreaux :
Mahatma Gandhi, l'abbé Pierre,
Statues rongées par le lierre.

Et les soirs à la maison,
Sur les murs, je compte les bâtons,
Sous la blouse, les bleus de cobalt,
À la main mon whisky pure malt.
Que des nuits de blues.

Mais dans mes nuits, mon héros me réveille et m'emmène
Très loin des mains bien trop lestes et des coups de cisailles
Qui chaque soir me rejouent les mêmes violences, les mêmes scènes,
Comme dans un jeu malsain de dés pipés,
Comme d'immuables goutte-à-goutte qui m'assaillent.

Sylvan M - 17-18.04.20

 

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