15 août

B.B. marche. Il erre. Il marche à corps perdu sur une voie ferrée. Cette voie n’est pas celle de la quête d’un amour définitif et absolu ; c’est juste une route qui ne mène nulle part. B.B. connaît bien les routes, qui d’ailleurs ne sont jamais de bonne augure : celle qui finit dans la lunette de tir de Lee Harvey Oswald (72 trombones avant la grande parade), celle qui finit dans un carnage sanglant  (de Bily Bob a raison à Holland Spring), celle qui finit dans le fossé (La ballade du mois de juin), celle de la peur qui n’en finit pas (L’appât), celle dont il sait qu’au bout il n’y a qu’un grand désert (Qu’est-ce que ça peut faire). Cette voie ferrée n’échappe pas à la règle ; elle n’est pas la douce et prometteuse route de la soie mais celle du vieux chandail qui gratte à mort, celle du Sacro-saint et Néfaste Commerce de la Faucheuse, une route définitivement vaine où la condition humaine n’est que cette souffrance à laquelle on s’accroche pourtant comme un vieil animal, et de surcroît une route de misère – et comble de la misère – jalonnée de péages, une route dont les toujours inspirés M/M ont su résumer l’aberrante vacuité sur la pochette du dernier album de B.B.
Pour tromper la mort, B.B. joue une ballade rock qui serait allée à merveille sur les lèvres de la nonchalante Coralie Clément dont la Lou marchait déjà à pas perdus et finit fatalement sans un seul bye bye de ses amis. Mais on ne trompe pas la mort, dont la sirène funeste (un minimoog ?) s’invite dans un pont musical entre les deux couplets puis sur la lettre de Valérie Donzelli, la lettre ambiguë d’une fêlure hantée par l’amour. A moins que ce soit l’amour qui  est hanté par quelque chose « pas si simple, même compliqué » : la fatalité ou le toxicomaniaque besoin de B.B. de cultiver cette douleur qu’a chanté Chiara sur leur home sweet road

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