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L'éclipse

B.B. flirte  avec la frontière de la fin du monde, d’abord au-delà avec le post-apocalyptique mais salvateur Cours ! parce que « the show must go on » se tue à dire le vitalisme, qui dépasse les pauvres mortels intérimaires que nous sommes. L’éclipse, c’est l’autre côté de la frontière, le nôtre, celui que le chaos attend les bras grands ouverts mais au-delà duquel les petits animaux naïfs qui se débattent espèrent toujours la rédemption.
Avec ce nouveau titre ultra sombre et messianique entre le catastrophisme de Mes peines de cœur et l’opportunisme désespéré de Laisse aboyer les chiens, B.B. signe le retour du chanteur légataire que l’on a découvert avec Ton héritage et où il léguait à sa fille une fatalité morose à fleur de peau. L’éclipse est le legs des deux jours à tuer qui restent avant l’apocalypse et après laquelle il n’y aura définitivement plus rien. Le ciel y est à l’orage, l’atmosphère tendue et électrique et l’ombre du Verbe dit l’urgence à s’aimer sur une BO qui pourrait être le générique de fin d’un film catastrophe des frères Larrieu.
Alors la voix de B.B. chevrote et joue de la prosodie comme un homme vacillant sur l’arche qui va chavirer. Cette voix est celle de Cleet Boris chantant les sirènes, mais les sirènes alarmantes qui annoncent une catastrophe, c’est celle d’un crooner superbe pour toujours. Dans une chanson belle à donner la chair de poule, émouvante à pleurer, B.B. lance un appel à s’aimer d’un amour charnel et spirituel, flamboyant et magnifique comme le chantait Sardou dans son grandiose Je vais t’aimer.
Alors n’attendons pas, comme l’ordonne B.B., et jetons nous dans la raisonnable déraison de la folie libertaire, des plaisirs outrageants et de l’amour sauvage stigmatisant avec des « je t’aime » à la pelle pour que le vide qui viendra porte pour l’éternité l’emprunte de l’Homme, un regrettable être exceptionnel malgré tout.

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