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A l'Origine : le rouge et le noir

Les remords, les regrets, les larmes et le sang déversés sur la quasi totalité de Négatif le sont sur le sort de leur auteur. Sur le troisième opus de B.B., la pluie qui saigne colore toujours ses peines de cœur mais la tristesse a fait place à la rancœur d’un homme dont le dos même est rouge sang. Enseveli sous les on-dit et le mépris, B.B., balance sur La Demoiselle, la belle famille, sur ce monde dans lequel il a pris de mauvaises attitudes à pas prendre, tentant de s’inventer une vie comme on s’invente des chansons. Il lui en aura fallu du temps pour comprendre, jusqu’à ce que le monde ne fasse plus illusion et lui enlève de sa superbe :  « rien de moi ne restera » annonce-t-il déjà pour clore ce troisième album.
Mais sur cet album, que la critique avait qualifié d’album noir de l’artiste, le rouge sombre plane également sur le monde. Et quand B.B. s’ouvre sur l’extérieur, c’est un bilan social et économique alarmant, un désastre écologique et le constat politique pitoyable d’un monde au bord de l’explosion.
On sait bien que les promesses et les caresses que l’on nous fait sont pour mieux nous tenir en laisse, mais que l’on se froisse et l’Ordre vous cingle de sa voix impitoyable et synthétique :
« Ferme ta gueule et passe à la caisse ! ». Alors forcément la vie nous dégoûte autant que le destin et c’est dans un désenchantement tout houellebecquien que l’on s’envoie en l’air pour noyer le chagrin. Et quand le sentiment de vacuité pourrit une jeunesse désœuvrée, c’est dans un monstrueux carnage que s’endeuille le ciel de Colombine. « Comment ça va finir ?» se demande B.B.  Comment cela pourrait-il finir quand les chars Abrams veillent jusque dans le jardin d’Eden et que le ciel nous tend l’arme du crime ? Responsable notre B.B. dandy-rebelle – d’ailleurs plus déglingué que dandy sur ce troisième album - de ce chaos post-apocalyptique où les baleines jonchent les plages mazoutées, où les colombes sont en flamme et où le rouge qui tache s’invite jusque dans un verre de Bloody Mary ? Certainement pas : « Regarde bien, ai-je voté pour monsieur Bouche, comme les autres ? » proteste-t-il. C’est cette protestation permanente chez B.B. qui le fera quasiment paraphraser l’alchimiste Paulo Coelho dans des voix célestes : « Il y aura un peu d’espoir dans la nuit la plus noire ».

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