Le Bleu et le Noir

Lundi 29 avril 2013. Aujourd’hui j’ai été ému par la beauté du bleu et du noir se confrontant en ouvrant le dernier album d’Alex Beaupain, ce bleu qu’il se refuse à vivre ou juste dans de furtives ondées blanches parce que la nuit obscure a emporté son seul amour possible. Sur la pochette, c’est en blanc que sont écrits le prénom et le nom du chanteur esseulé, couleur de la pureté, de l’écume des jours passés, inertes.
Puis en écoutant Alex Beaupain j’ai ouvert les yeux sur le dernier ouvrage de Michel Houellebecq - acheté en même temps - et les 6 vers de son premier poème, lapidaire, tranchant comme un éclair d’ébène dans le jour blanc : 

Par la mort du plus pur
Toute joie est invalidée
La poitrine est comme évidée
Et l’œil en tout connaît l’obscur

J’ai dîné. Ensuite je suis parti pour mon ciné habituel voir le dernier ofni du génial bricoloufoque Michel Gondry. Après avoir adoré la croquifondante Amélie Poulain, je n’ai pas été surpris que la pétillante Audrey tatoue la pellicule de cette jolie loufoquerie romanticodramatique.
Sur le générique de fin, Loane revisite doucement la chanson de France Gall Mais, aime-la. Quel trouble en entendant les paroles ! L’amour est noir ou bleu/il est indécis/il décide en un jour de toute une vie chante la délicieuse Loane. J’ai quitté la poitrine évidée d’Audrey et le monde obscur de Romain.
En sortant de la salle obscure, mes yeux se sont ouverts sur l’affiche du film. Romain Duris, costume sombre, et Audrey Tautou, robe blanche, sont heureux, immergés dans l’eau bleue. Le titre du film, L’écume des jours, glisse sur l’affiche comme une ondée blanche.
Je suis rentré retrouver ma plume et Houellebecq.

Il faut quelques secondes
Pour effacer un monde

sont les derniers vers de son poème éclair d’ébène.

Il était tentant de voir un signe - bon ou malin - à ce concours hasardeux de dantesques triolets colorés. Noir infernal, bleu paradisiaque ou blanc expiatoire : j’y ai vu le temps du choix.

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